Adopter des punaises, ça change la vie!...

Publié le par Calou

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Des impacts multiples

La présence de punaises de lit chez moi depuis septembre 2012, a une incidence violente sur chacun des aspects de notre vie:

- conditions de vie

- finances

- relationnel

- santé

Impacts sur notre quotidien....

Un kilomètre à pied, ça use, ça use....Nous sommes devenue "piétons" puisque notre voiture n'est plus en état de fonctionner; au début à cause des punaises qu'elle contenait, maintenant parce qu'étant restée sur place depuis 18 mois elle ne fonctionne plus et nécessite des réparations que je ne peux plus actuellement financer. il n'y à probablement plus de punaises par contre c'est une éponge à pesticides ayant été traitée une bonne dizaine de fois.

Donc, perte de l'autonomie dans nos déplacements (amis et famille ne nous sont plus accessibles sans le secours d'autrui, moi qui était si fière d'avoir construit ma vie seule, c'est raté). Tous nos déplacements se font à pied ou quelques fois en transport en commun quand c'est possible. Quel joie de faire mes courses à la superette du centre ville, en achetant que ce que je peux transporter à pied. Des courses à prix fort chaque fois et puis quel pied de retrouver les sensations du plein air!... J'avais oublié aussi ce que c'est qu'être soumis aux aléas du climat. On ne sait pas la chance que l'on a quand on possède une voiture. Heureusement pour moi aujourd'hui c'est une voisine/amie qui me rapporte mes courses commandées via internet au "drive". Ainsi je peux à nouveau acheter des packs de lait ou d'eau sans crainte de les porter sur de longues distances. Merci à toi Mylène pour cette aide sur la durée.

Hep docteur!

Dur de perdre le suivi médical de qualité qui était le mien: j'avais la chance d'avoir un médecin de famille qui me connaissait bien et soignait toute ma famille depuis 20 ans. Il m'avait soutenu pendant les soins contre mon cancer il y à 5 ans, il avait aussi été un très bon médecin pour ma fille qu'il avait soignée depuis son arrivée d'Haïti après son adoption. Hélas ce médecin est dans la campagne dont je suis originaire à 20 kilomètres de ma ville, même si j'ai trouvé près de chez moi un médecin très compètent, ce n'est pas pareil et de ce fait je diffère certains soins qui devraient être fait...

Bien entendu en attendant de pouvoir réparer ma voiture, j'ai cherché des solutions alternatives pour regagner de l' autonomie dans mes déplacements, mais je n'ai rien trouvé localement. Je suis donc ouverte à toutes les idées que vous, lecteurs, pouvez avoir à ce sujet...

 les vetements, linges de maisons, chaussures sont mis à l'abris des punaises dans des sacs hermetiquess

les vetements, linges de maisons, chaussures sont mis à l'abris des punaises dans des sacs hermetiquess

Je vous l'emballe? Pour limiter le développement des bestioles et surtout pour ne pas en emmener à l'extérieur dans nos affaires, tout a été désinsectisé par le froid ou par la chaleur puis placé dans des sacs hermétiques. Ce qui veux dire que chaque action du quotidien devient longue et fastidieuse à cause de l'ouverture et la fermeture systématique des pochettes. De même juste avant de sortir de la maison nous devons nous doucher et revêtir des tenues désinsectisées, donc autant de douches et de tenues que d'aller- et-venues hors du domicile. Les chaussures aussi sont ensachées, nous les chaussons dehors devant la porte et sous la pluie s'il pleut...

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C'est EDF qui va être content!

Tout cela implique une tournée de lave linge+ sèche-linge à minima chaque jour mais plus souvent 2 ou 3 et des factures d'électricité qui explosent.

Dire qu'il y en à qui payent très cher pour des stages de retour à l'essentiel...

Pour faciliter la désinsectisation au nettoyeur vapeur comme avec les pesticides il a fallu désencombrer les pièces de tout ce qui n'est pas absolument indispensable. J'ai donc désinsectisé des vêtements, linges de maison, livres, jouets, vaisselle, meubles, et je les ai sortis de chez moi. Nous vivons donc de manière spartiate, comme en camping. Retour à l'essentiel...

Depuis 18 mois, nous dormons dans des duvets car les couettes sont trop volumineuses pour le lave linge.

Le vieux cheval

Un vieux fermier possédait un vieux cheval avec lequel il labourait ses champs. Un jour le cheval s'enfuit vers les collines.

Aux voisins qui le prenaient en sympathie, le vieillard répondit:" Chance? malchance? qui sait? "

Une semaine plus tard, le cheval revint des collines avec un troupeau de chevaux sauvages, et les voisins félicitèrent le fermier pour sa bonne chance.

Il répondit encore :" Chance? malchance? qui sait? "

Puis, lorsque son fils, voulant dompter un des chevaux sauvages, fit une chute et se brisa la jambe, tout le monde crût que c'était une grande malchance.

Le fermier, lui, se contenta de dire :" Chance? malchance? qui sait? "

Quelque semaines plus tard, l'armée entra dans le village, et mobilisa tous les jeunes gens valides. Quand ils aperçurent le fils du fermier avec sa jambe cassée, ils le dispensèrent du service.

Etait-ce de la chance? de la malchance? qui sait?

Tout ce qui à première vue peut être un mal, peut, en fait , être un bien déguisé. Et tout ce qui à première vue semble un bien, peut en réalité être un mal.

http://anterroches.pagesperso-orange.fr/esprit/sagesse/His_sag.htm

Impacts financiers:

Seule avec ma fille, je travaille à mi-temps et donc j'ai un demi salaire + une pension d'invalidité suite au cancer qui m'a projetée dans la maladie en 2009. Depuis septembre 2012, j'ai dépensé plus de 7000 euros que je n'aurais pas eu à débourser si je n'avais pas eu cette infestation de punaises de lit. Cela va de la location d'un camion frigo, au payement du service d'hygiène de la mairie puis d'une société de désinsectisation, des divers pesticides , des appareils sensés piéger les punaises, un nouveau lave linge suite à l'usure prématurée du premier, la réparation puis l'achat d'un nouveau nettoyeur vapeur, les factures exorbitantes en électricité et chauffage (Coût quadruplé par rapport à l'année précédente). J'ai emprunté 1000 euros à des amis pour régler les factures 2013 et je n'ai toujours pas pu commencer à les rembourser. Bref je suis sur la paille, malgré les coûts de pouce de la famille, et des amis et d'autres encore qui m'ont épaulée à un moment donné ainsi que des aides sociales obtenues auprès du département (160 euros pour le traitement par la société spécialisée) et 450 euros pour la location du camion frigo auprès de comité d'établissement de mon employeur qui a également réglé deux mois de loyer pour un appartement que j'avais loué fin 2012 en vue de déménager le temps de traiter la maison, hélas cela n'a pu se faire les punaises ayant déménagé avec nous.

Du fait des punaises, je dépense bien plus que je ne gagne, tout le problème est là Concrètement cela signifie que nous n'avons plus aucune sortie culturelle ou de loisirs dès lors que c'est payant. Finis les spectacles, le cinéma, la piscine; il nous reste les promenades à pied, le roller, la médiathèque et la mer l'été puisque nous avons la chance de vivre sur la côte. Je fais cependant tout ce que je peux pour que cela impact le moins possible la vie sociale de ma fille, par exemple qu'elle puisse comme les autres enfants inviter quelques amis pour un goûter d'anniversaire au bowling , et apporter un cadeau à son tour lorsqu'elle est invitée à l'anniversaire d'une amie...

En Belgique, il y à une allocation spéciale pour les personnes qui engagent des frais pour lutter contre les punaises de lit. En france c'est pour quand?

Incidences sur notre vie relationnelle:

C'est l'aspect de notre vie qui a le plus souffert de l'arrivée des punaises dans notre vie. Au début c'est moi qui ai mis de la distance avec mes proches, leur expliquant que je risquais de propager des punaises chez eux et leur demandant de ne pas venir chez nous. Je ne pensais pas que cela durerai aussi longtemps, Voyant que je ne m'en sortais pas malgré toute l'énergie que je dépensais dans ce but, en novembre 2012 des proches se sont mobilisés pour m'aider à trouver des solutions, techniques, une aide financière et du soutien pour le moral. Ils se sont dépensés sans compter, ont remis mon compte en banque à flot, trouvé un appartement pour emménager le temps de traiter ma maison, et sélectionné l'entreprise de désinsectisation qui semblait la plus compétente. Hélas malgré toutes les précautions prises, nous avons déménagées les punaises avec nous et le traitement de la société de désinsectisation dans la maison n'a pas été du tout efficace bien que semblant correspondre à ce qui marche (pulvérisation de pesticides au sol par trois reprises espacées de 15 jours).

Après ce fiasco et un retour dans notre maison toujours infestée, le moral est au plus bas, j'ai honte de ne pas être à la hauteur de ce que mes proches attendaient de moi. Tellement honte que je ne communique plus.

Eux sont confrontés à leur impuissance. Cette confrontation est si douloureuse pour eux, qu'il est psychologiquement plus économique de nous oublier et leur inconscient se charge alors du sale boulot. Les uns après les autres, ils nous zappent, non seulement nous ne voyons plus personne mais en plus le téléphone ne sonne plus. Ma fille en souffre et ne comprends pas ce qui se passe. Pour ma part je suis si déprimée que je suis incapable d'appeler pour donner des nouvelles sans m'effondrer, Tellement centrée sur ce que nous vivons, je suis incapable de juste m'intéresser vraiment à ce que vivent les autres, tout me semble si dérisoire, alors je n'appelle pas.

De toutes ces personnes qui m'étaient si chères, et pendant presque 6 mois, trois seulement ont gardé le contact; ma mère que j'appelle chaque jour, ma nièce qui prends des nouvelles environ une fois par mois et une amie qui m'appelle et m'écoute longuement, propose son aide pour les courses, et comble de bonheur nous invite de temps à autre chez elle, avec son mari et ses enfants. Merci à toi Sylvie. Aujourd'hui je sais que ton amitié m'a préservée du suicide, puisque hélas cette idée a tourné dans ma cervelle à cette période.

Cet isolement quasi total a perduré de janvier à juillet 2013. C'était si dur qu'à ce moment je ne croyais plus en rien ni en personne, j'avais l'impression que je n'avais plus de famille ou en tout cas que je m'étais trompée sur les liens qui nous unissaient. Aussi effarant que cela puisse paraître, J'avais un sentiment de partage plus grand avec les héros de ma série télévisée quotidienne qu'avec les membres de ma famille; au moins eux je savais ce qu'ils vivaient, cela pouvait alimenter mes pensées dans la journée tandis que mes proches ne laissaient place qu'au vide et à l'absence. Idem pour les personnes qui avaient été mes amis jusque-là. Quand à Dieu c'était le grand absent: contrairement à ce dont j'avais l'habitude jusqu'ici dans les moments douloureux, je ne trouvais aucun réconfort dans la prière. Je me sentais abandonnée, totalement ou presque.

C'est le travail qui m'a permis de ne pas perdre pied totalement. Un emploi comme le mien où l'on est dans la relation d'aide même si on ne va pas bien, permet de se décentrer et penser à autre chose quelques instants chaque jour. Pour traverser cette tempête, je me suis raccrochée à mon travail et à ma fille qui était à ce moment ma seule raison d'être. J'ai tenu bon pour ma fille et par le travail. Merci à Luc qui en refusant de me prolonger mon arrêt de travail m'a permis de retrouver du lien social via le travail.

Avec l'été et le temps qui passe, les choses se sont un peu arrangées, mes proches ont semblé moins effrayés par notre situation et prêts à faire un nouveau un pas vers nous. Nous sommes à nouveau en famille le dimanche. J'ai saisi l'occasion offerte par Sylvie pour inviter chez elle nos proches et fêter l'anniversaire de ma fille. Cela m'a permis de retisser un peu le lien qui s'était tellement distendu. Depuis nous avons à nouveau partagé quelques beaux moments en famille ou entre amis. Je me sens mieux et je reprends petit à petit confiance dans ma relation avec mes proches.

Et puis il y à les bonnes surprises: ces personnes du voisinage, Sophie, Mylène, Clothilde, Valérie, Anne-Marie et Fréderic ou les collègues de travail dont je n'attendais rien spécialement et qui se révèlent être de véritables soutiens au quotidien, pour le moral, les petits services, ou la résolution de petits soucis, bref des personnes sur qui je peux compter ponctuellement alors que je pensais être sans soutien dans cette ville.

 

Conséquences sur notre santé

En tout premier, évidemment vient la dépression, dépression que j'assume et que je contiens grâce à une psychothérapie comportementale. Si j'avais psychologiquement bien résisté dans un premier temps à l'épreuve du cancer, je me suis effondrée à la fin des soins, ce qui parait-il est fréquent. J’étais en train de remonter la pente, tranquillement mais surement, chaque jour qui passait me trouvait plus forte que le précédent quand cette histoire de bestioles nous est tombée dessus.

J'ai trouvé plus confortable d'avoir un cancer que de vivre la lutte contre les punaises de lit.

J'imagine que cela peut choquer, mais c'est comme ça que je le vie. Quand j'ai eu mon cancer, les liens avec mes proches pour l'essentiel ce sont resserré, Je rencontrais beaucoup d'empathie partout et surtout il y avait des gens compétents et sérieux qui expliquaient ce qu'on allait faire pour s'en sortir et vivre encore de belles années. Il y avait les autres malades que je retrouvais en salle de chimio et avec qui on échangeait les trucs et astuces pour alléger le quotidiens, on se remontait le morale les uns les autres. Je n'étais pas seule et il y avait de l'espoir. Et puis il y avait un tas d'endroit où aller s'informer ou questionner sur le cancer, des associations, des institutions mises en place par le ministère de la santé pour aider les malades.

Avec les punaises c'est tout le contraire, je rencontre la méfiance, la suspicion, pour l'essentiel les gens se détournent de moi car ce que je leur dis de notre lutte est trop incroyable, insensé, que la réalité de leur point de vue doit être forcement différente. Alors on me regarde comme on regarderai quelqu’un qui n'a plus toute sa tête, quelqu'un qui délire. Ensuite on élude la discussion, puis on m'évite. Le vide c'est fait autour de moi comme jamais je n'aurai cru cela possible...

Avec les punaises, pas facile d'échanger avec d'autres personnes qui ont le même vécu pour se remonter le morale, Et puis surtout, les professionnels compétents qui peuvent aider par leurs conseils ou leurs actions sont quasi absents. L'agence régionale de santé me dit de m'adresser au privé, car eux connaissent mal, quand je pose des questions techniques sur les produits à utiliser, les fréquences, ou les protocoles à respecter ils ne savent pas me répondre et me disent que pour l'instant ils n'ont pas été beaucoup confrontés à ce problème. Pour la punaise pas d'institution public pour soutenir les victimes, pas d'associations non plus, même pas un centre d'appel téléphonique. Juste 1 page internet sur le site du ministère de la santé et le doc de l'équipe de spécialiste du CHU de Nice sur le site de l'ARS PACA. Juste cela et l'isolement....

Depuis quelques années les punaises de lit infestent de plus en plus de villes, nous sommes des centaines en France à être concernés et pourtant alors qu'il s’agit d'un problème de santé publique, les victimes sont livrées à eux même.

Depuis 20 mois je m'empoisonne la vie avec des protocoles draconiens pour que mes concitoyens soient épargnés, pour ne pas emmener de punaises à l'école dans le cartable de ma fille, ni au conservatoire via ses affaires de musique, ni à la bibliothèque via les livres empruntés qui passent 10 jours au congélateur avant de retourner d'où ils viennent. Je protège aussi mes collègues de travail en faisant tout pour que mes affaires soient indemnes de tout insecte, idem pour les lieux public que nous fréquentons, les transports en commun, les magasins...J'assume seule ce qui devrait être assuré par les services de l'état. Est-ce normal? Dans la plaquette de l'ARS PACA, le docteur Delaunay mentionne que tout cas d'infestation de punaises de lit devrait faire l'objet d'une cellule de crise. J’ai transféré ce document aux services techniques de la mairie en novembre 2012 et cela ne les a pas dérangé le moins du monde. Quelqu'un m'a dit "Nous intervenons pour rendre service aux gens, nous faisons ce que nous pouvons, mais nous ne sommes pas expert sur les punaises. J'entends bien ce constat de départ mais faut-il en rester là? Depuis 2012 cette expertise aurait peut-être pu se développer, non? Serais-je la seule à être informée du fait que les punaises de lit sont en pleine expansion sur l'ensemble des villes de France? Les professionnels de la désinsectisation, ayant délégation de l'agence régionale de santé pour la ville peuvent ignorer cela? J’en doute! C'est plus facile de ne pas faire de prospective et de ne pas assumer pleinement ce pour quoi on est sensé œuvrer: la santé publique.

Ensuite vient la question des pesticides : Après les multiples traitements passés et sans compter sur les traitements à venir, notre maison est hautement contaminée et cela m’inquiète pour ma fille qui en pleine croissance, construit son corps dans cet environnement. Je sais les conséquences néfastes des pesticides sur le long terme et hélas là non plus je ne sais pas quoi faire. Je n’ai pas trouvé d’info sur ce sujet .Après chaque traitement j’ai voulu nettoyer les zones où nous posons les mains tous les jours, (interrupteurs, poignes de portes, objets usuels pour limiter les dégâts, mais avec quoi nettoyer pour ôter les pesticides. Je n’ai trouvé la réponse nul part. Si vous, internaute, vous avez des infos sérieuses là-dessus, merci de laisser un commentaire car nous allons devoir nettoyer ensuite.

Publié dans IMPACTS

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